Bellaflore - 13

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Il y a quelques heures à peine, la clé USB dormait encore dans le derrière du cadavre X, Maintenant et après un nettoyage succinct, John Ducky, s’apprête à la lire. Sur le moment, le fait de savoir ce qu’elle contient lui semble étrangement moins important que de connaître le nombre de temps qu’elle a demeuré dans le noir. C’était sur le moment.

Des vitres griffées par une nouvelle averse, la beauté ravageuse des vagues se mêlent à la masse touristique, qui semblable à l’océan, vient s’écraser, innombrable, sur la côte ouest de Plymouth, dans la ville échouée de Colbirt.  Ducky se rassoit. Le téléchargement est achevé.

Sur l’écran de l’ordinateur de l’inspecteur-chef s’affiche un dossier, « 15 ans », la main gauche postée sur le menton, sa droite clique impatiemment sur la souris. Une vidéo.

Le visage d’une jeune fille apparaît alors sur une terrasse, face à un plan d’eau.

« Je m’appelle Hannah-Jane Guilbach, j’ai bientôt 26 ans, je vis sur le continent, à Sallburg. Je suis chez ma copine, Elizabeth MacLys. Elle n’est pas là. Je lui ai dit de ne pas se rendre sur la falaise, mais elle ne m’a pas écoutée. J’ai peur qu’elle soit déjà morte. Nous avions 15 ans lors de cette soirée sur la crique. Il y avait ma copine, les frères Lincoln, Guestan, et deux autres personnes rencontrées le jour même, une certaine Bellaflore et un garçon, dénommé Folatro, si je me souviens. Je ne sais s’ils sortaient ensemble, mais ce couple a tué deux personnes sous nos yeux !  Nous ne dirions rien. Jamais. Il fallait garder le silence ou nous mourrions à notre tour. Elizabeth a envoyé un message à la police. J’ai si peur qu’elle soit morte. Et j’ai terriblement peur pour moi aussi. Pourvu qu’elle revienne. 

-Je la remets.

-Primo, nous avons le corps d’Elizabeth, deuzio, nous avons un couple à retrouver, s’interpose Joe entre la vidéo, Mary, et son patron.

-On dirait que la vérité sort des profondeurs, ramenez-moi Folatro !

-Attendez !

-Les preuves sont là, ramenez-moi cet enfoiré !

-Attendre quoi, Mary ? Cette confession ne te suffit pas ?

‘Si… bien sûr. Mais…

-Mary, Joe, il est temps de choper le fou de Penwat. Je vous laisse faire. Allez-y guillerets, montrez que notre île en vaut la peine. Mais je vous en prie, je ne veux pas de sang dans mon bureau.

-C’est faux !

-Je vous laisse une goutte s’il prend la fuite.

-La vidéo. Elle est fausse !

-Comment ça, c’est un fake ?

-Une photo traîne chez Elizabeth. Pourquoi les meurtriers présumés figureraient à leurs côtés, ce, en évidence dans le salon d’une femme terrorisée ? Ce n’est pas logique.

- La logique est sous vos yeux. Arrêtez-moi Folatro ! Et n’invitez pas son goéland.

-Madame et Monsieur Rodher sont portés disparus depuis le 26 juillet 2007. L’homme était selon les rapports névrosé et suicidaire. Ils étaient sur Plymouth en vacances. Selon le juge d’instruction, Marc Rodher aurait tué sa femme avant de se suicider. L’enquête a rapidement était bouclée.

-Parfait, Sors-moi le dossier complet.

A l’entrée du commissariat, Joe et Mary échangent un regard quand ce premier se lance.

 -les confessions ne sont pas du tueur, je te l’accorde, mais il semble bien que Folatro qui n’a pas toute sa tête, a l’obligation de venir s’expliquer, non ?

-On retourne chez Elizabeth.

-La photo ?

-Joe, le vagin d'Elizabeth raconte une histoire improbable. La photographie est une preuve. Peut-on voir en peinture des assassins, ce, jour après jour ? Ils étaient amis, ! Et mon intuition me dit que cela n’a pas changé.

Dans le bureau déserté, Nessun dorma enveloppe chacun des murs. C’est encore elle. C’est encore sa femme. Encore Rosa. Il ne répondra pas. Mais Ducky qui a tour prévu avait changé son annonce de messagerie. Désormais, qui y parvenait pouvait entendre : « Ici inspecteur Ducky. Je suis absent pour le moment, je vous rappellerai si vous n’êtes pas la personne qui va gueuler dans un instant. »

Et cela n’a pas raté.

- « Tu fais fait chier John, après mon passé, c’est mon présent que tu emmerdes ! il faut que tu changes, et surtout, il faut que tu signes, demain, avant midi ! Tout est fini entre nous, et ce n’est pas nouveau, alors arrête tes conneries !»

Il sait que la conne, c’est elle.  Et pour la première fois depuis lurette, un mince sourire lui est apparu.

-Le mot que j’ai trouvé lors de ma course-poursuite prévenait alors Elizabeth et Hannah-Jane du retour de quelqu’un.  

-Une troisième personne serait en danger.

-Selon la vidéo, Elizabeth serait partie sur la falaise. Et c’est bien en bas de celle-ci que l’on l’a retrouvée. Ton raisonnement me semble complexe au regard de la situation actuelle. Et pourquoi vouloir les accuser ? La vidéo n’est-elle pas simplement une précaution supplémentaire pour dénoncer les assassins ?

-Il reste la photo qui dans le contexte est incompréhensible. Ils étaient amis ! et même de très proches amis !

-Qu’attends-tu ? En route…

 Ce coup-ci, Ducky décroche. L’écran de son smartphone ne pouvait pas le trahir. Bulbo est bien de l’autre bord du satellite, à moins de cent mètres de lui.

-La Scientifique de Sallburg m’a contactée. Un ADN a été retrouvé sous les ongles de la main droite du cadavre X. Il est hélas inconnu.

-Elle s’est débattue.

-En effet, probablement qu’elle savait qu’elle allait mourir. Et il y a pire, ce ne sont pas les coups de couteaux qui l’ont tué.

-Elle a été balancée vivante !

-Pauvre d’elle.

-A propos, le corps est celui d’une prénommée Elizabeth. Sa famille est en route.